"Pouce en l'air!"
Mettre en place l’Auto-Stop Organisé (ASO)

sur le territoire de SMVIC

Une réponse en faveur de la mobilité et de l’environnement dans le Sud Grésivaudan

L’auto-stop organisé permet aux collectivités de compléter l’offre de transport public en milieu rural et périurbain pour des trajets courts et spontanés du quotidien. En effet, l’auto-stop organisé met en relation les piétons et les automobilistes sur de courtes distances. Il peut se mettre en place sur le territoire de Saint-Marcellin-Vercors-Isère Communauté (SMVIC) sans investissement important.

  • Des besoins de mobilité bien identifiés sur le territoire de SMVIC

    L’étude des déplacements en Sud-Grésivaudan de novembre 2014 réalisée dans le cadre de la démarche TEPos-CV a présenté les spécificités du territoire en matière de mobilité, ses forces et ses faiblesses dont nous avons extrait quelques éléments clés ci-dessous.
    L’étude complète est disponible en cliquant sur ce lien :

    Télécharger Les déplacements en Sud-Grésivaudan

    Rappel de la définition de la Mobilité : il s’agit de l’ensemble des déplacements effectués par une personne, réalisés à l’occasion d’activités diverses (professionnelles, de loisirs, de services…).
    Spécificités du territoire de SMVIC : 45.000 hab. et 47 communes, territoire périurbain à dominante rurale occupant une position stratégique en Isère, entre les agglomérations de Grenoble et de Valence, avec des pôles dispersés (St-Marcellin, Chatte, Vinay, Pont-en-Royans) et un habitat dispersé entre ces pôles (urbanisme « éclaté » = 78% de maisons individuelles).

    Atouts du territoire :

    •  Croissance démographique et arrivée de nouveaux habitants attirés par un cadre de vie moins urbain et des prix de l’immobilier plus abordables
    • Liaison TER Grenoble-Valence avec 4 gares : fréquentation importante et des éléments de multi modalité aux gares (garages à vélos, arrêts de cars, parkings),
    • Trois lignes régulières seulement de bus TransIsère mais ces lignes sont très importantes pour certains secteurs de la Communauté de Communes (ligne 5000 : de Pont en Royans à Grenoble, ligne 5200 : de St Marcellin à Grenoble et ligne 5250 : de Roybon à St Jean en Royans),
    • Une plate-forme de co-voiturage,
    •  Concentration des activités et des services sur quelques communes (pas de dispersion),
    •  Co-voiturage informel bien implanté, notamment sur les déplacements domicile-travail.
    • Compétence mobilité du ressort de SMVIC.

    Faiblesses du territoire:

    •  Population au revenu moyen faible,
    •  Pas encore suffisamment d’attractivité économique de proximité et plus d’actifs que d’emplois,
       Difficulté des jeunes, des séniors, des ménages en précarité économique, dans l’accès à la mobilité ; 20% des ménages sans voiture,
    •  Selon l’étude « Mobilité, insertion et accès à l’emploi » du Laboratoire de la Mobilité Inclusive, 50 % des personnes en insertion ont déjà refusé un emploi ou une formation pour des raisons de mobilité,
    •  Habitat dispersé,
    •  Peu d’offres de transport alternatif, transport à la demande peu développé,
    •  Pas de service de transport interne au territoire,
    • Pas de système de rabattement vers les gares,
    • Difficile de développer les modes doux en raison du relief et du manque d’infrastructures adaptées, avec un trafic très élevé sur les principales routes départementales,
    • Possibilités de sortir du territoire par les TC et le TER mais les déplacements internes reposent sur la voiture,
    • Difficile de se déplacer sans véhicule dans le territoire : 62 % des déplacements se font en interne et 80% de ces déplacements se font en voiture,
    •  Déplacements en voiture aisés car pas de bouchons et peu de difficultés pour se garer
  • Quelles réponses opérationnelles et réalistes aux besoins de mobilité ?

    Dans le cadre du Projet ASTUS (Alpine Smart Transports and Urbanism Strategies) en cours, SMVIC est une des 4 Communautés de Communes d’Auvergne Rhône-Alpes qui fait l’objet d’un accompagnement dans l’élaboration de stratégies bas carbone dans le domaine des mobilités, intégrant à la fois la dimension transport et la dimension urbanisme.

    De façon générale, face à l’augmentation du trafic routier, conjugué aux enjeux du réchauffement climatique et de la préservation des terres agricoles et naturelles, dans un contexte où les progrès technologiques liés à la mobilité sont fulgurants, toutes les Collectivités cherchent des solutions pour rendre accessible la mobilité, ce qui peut être plus ou moins problématique d'un point de vue économique...

    Les solutions d’amélioration à la mobilité des habitants portées par les Collectivités par Transports en Commun sont souvent très coûteuses :

    • Exemple du Transport Intercommunal Collaboratif (TIC) entre St-Vérand – Chatte – St-Marcellin, avec un véhicule sponsorisé et des chauffeurs bénévoles, un passager paye 1€ sur un coût de revient de l’ordre de 7€.
    • Dans les Transports en Commun, le prix d’un ticket payé par passager représente 30% des frais de fonctionnement du service et seulement 18% du prix de revient incluant les amortissements des matériels et infrastructures.

    Dans cette recherche de solutions aux problèmes de mobilité, plusieurs Collectivités autour de SMVIC, comme celles du Grésivaudan, du Voironnais, le Conseil Départemental, la Métro, Royans-Vercors Communauté et le PNR du Vercors, lancent cet automne 2017 l’Auto-Stop Organisé sur leurs territoires, avec le même opérateur Rezo Pouce, mais avec des plans de communication et des échéances différents.

    Rezo Pouce est le premier réseau d’auto-stop organisé en France. Créé en 2010 en Tarn-et-Garonne, cette entreprise de l’économie sociale et solidaire accompagne les collectivités dans le déploiement du dispositif sur leur territoire.
    En pratique, les conducteurs et les passagers sont identifiés grâce à un badge, une vignette apposée sur le pare-brise et une application pour smartphone permettant le « covoiturage de proximité instantané ». Ils se rencontrent aux « arrêts sur le pouce » pour effectuer gratuitement des trajets courts, entre des lieux stratégiques : gare, lycée, maison de santé, centres commerciaux…

    En expérimentation mais très prometteur : la solution de l’auto-stop connecté
    Les smartphones largement utilisés, la géolocalisation précise et la démocratisation du collectif font qu’aujourd’hui plusieurs solutions deviennent imaginables et sont en cours d’expérimentation pour proposer un trajet en temps réel afin d’éviter la planification, contrainte souvent jugée rédhibitoire.
    Citons :

    • BlaBlaLines : sur un territoire, des lignes sont créées ; le conducteur entre à l’avance son trajet et l’application identifie elle-même les points d’arrêts le long du parcours. Si un passager signale sa volonté de partir d’une zone à proximité et dans la même direction, l’application croise les infos et notifie au conducteur et au passager qu’un co-voiturage est possible.
    • OuiHop’ : propose un covoiturage instantané, en temps réel : les conducteurs lancent l’application et, durant leur trajet, ils voient apparaître les piétons allant dans la même direction et souhaitant covoiturer.
    • Rezo Pouce, développe sur smartphone une application de géolocalisation équivalente, mais complémentaire au dispositif d’ASO traditionnel, ce qui en fait un opérateur global intéressant.

    Mettre en place l’Auto-Stop Organisé sur le territoire de SMVIC constituerait une réponse très intéressante aux besoins de mobilité en complétant ainsi l’offre de transport public pour des trajets courts du quotidien, sans investissement important pour la Collectivité. Retenir le même opérateur Rezo Pouce que les Communautés de Communes limitrophes pour accompagner la mise en place du dispositif apparaît comme une solution à prioriser car elle permettrait des connexions inter Com-Com facilitées

  • Objectifs de l’Auto-Stop Organisé

    Économique :

    • Contribuer à un usage rationnel de la voiture.
    • Réduire la part relative aux déplacements dans le budget des ménages par une mutualisation des coûts.

    Énergétique :

    • Réduire les émissions de GES et la consommation d’énergies fossiles par une diminution du nombre de voitures en augmentant le taux d’occupation.
    • Faciliter le développement de pratiques multimodales.

    Social :

    • Permettre l’accès à un véhicule pour les personnes ne bénéficiant pas d’un véhicule motorisé.
    • Partager un moment de convivialité.

    Bénéficiaires de l’ASO :

    • Toute personne adhérant au dispositif, « chauffeur » en situation de mobilité possédant un véhicule et le permis de conduire ou/et « passager » ayant besoin de mobilité.
    • Les personnes/ les jeunes ne disposant pas d'un véhicule personnel.
    • Les touristes/habitants en résidence secondaire venus sans voiture mais qui souhaitent se déplacer de manière un peu plus souple.
  • Avantages de l’Auto-Stop Organisé
    • Permet le désenclavement des zones rurales et le désengorgement des zones péri-urbaines.
      Complète et valorise les modes de transports existants,
    • Facilite notamment les petits déplacements des habitants, l’insertion, l’accès à l’emploi, le déplacement des touristes, etc…
    • Structure, organise et sécurise l’auto-stop.
    • Crée du lien social, renforce la solidarité entre les habitants.
    • Diminue l’auto-solisme.
    • Budget modeste : de l’ordre de 100 k€ sur 3 ans pour une collectivité comme SMVIC, car les infrastructures existent, les voitures circulent avec des chauffeurs au volant… et des citoyens ont besoin de se déplacer… il s’agit d’organiser et de sécuriser leur rencontre…
  • Enjeux et difficultés
    • L’appropriation du dispositif par les habitants nécessite du temps.
    • Des changements de comportements et de mentalité sont nécessaires face aux déplacements habituels.
  • Ordre de grandeur des coûts

    Projet total d’environ 100.000€ sur 3 ans pour la mise en place du système :

    • un chargé de mission - 1/3 de temps sur 3 ans = 36.000 €
    • l’abonnement à l’opérateur Rezo Pouce =20.400 € pour 3 ans,
    • la matérialisation d’au moins une centaine d’arrêts = 21.400 €,
    • la conception et réalisation des dossiers aux participants ainsi que les frais de formation des référents, de communication et d’animation = 7.200€
  • Proposition de l’Association ASTRE pour la mise en place de l’ASO sur SMVIC

    L’Association ASTRE, Association pour la Transition Energ’éthique, agit pour mettre en oeuvre la transition énergétique sur les territoires du Sud-Grésivaudan et du Pays du Royans. Elle est notamment à l’origine de la création des Centrales Villageoises Portes du Vercors, premier projet coopératif de production locale d’énergie photovoltaïque.

    En juin dernier, ASTRE a constitué un groupe de travail pour contribuer à la mise en place de l’ASO sur le territoire de SMVIC. Deux de ses membres font partie du Conseil de Développement pour, entre autres, proposer d’étudier ce projet Mobilité au sein de la Commission Environnement/Mobilité.

    Comme de nombreuses associations et les décideurs des Communautés de Communes voisines de SMVIC, ASTRE est convaincue que la crise économique et les nouvelles technologies constituent un terreau favorable au déploiement de la mobilité collaborative et partagée que constitue l’Auto-Stop Organisé. L’engagement de SMVIC (communication, financement) est un enjeu crucial pour faire réussir à mettre en relation suffisamment d’offres et de demandes (seuil minimum de 5% de la population à l’échéance de la troisième année) et proposer un service opérationnel permettant :

    • d’organiser des chaînes de mobilité sans voiture,
    • de compléter une offre de transports publics qui fait défaut sur certains secteurs ou ne couvre pas le « dernier kilomètre » dans notre territoire d’habitat dispersé,
    • d’utiliser l’ASO comme moyen de rabattement vers d’autres modes de transports.
    • Une large mobilisation du réseau associatif est indispensable pour changer les comportements vis-à-vis, de la voiture (notamment concernant l’auto-solisme), ainsi que des usagers passagers levant le pouce ! ASTRE se propose d’être un relai actif pour contribuer à créer une communauté de personnes solidaires et engagées dans ce projet animé par SMVIC.
    • Pour aller plus loin, ASTRE propose que ce projet puisse être présenté au Conseil Communautaire pour que le territoire puisse rejoindre la dynamique enclenchée par les Communauté de Communes voisines et commence dès 2019 l’expérimentation, sur plusieurs communes volontaires, et sur une première ligne « St-Antoine l’Abbaye – Chatte – St-Marcellin – St-Romans – Pont-en-Royans ».
  • Epilogue

    Le succès d’une initiative dépend bien souvent de l’engagement, pendant la phase initiale, de quelques personnes qui n’ont pas peur des risques. A long terme, un projet ne réussit que s’il repose sur un grand nombre d’épaules, s’il est institutionnalisé et géré de façon professionnelle. Les encouragements et le soutien peuvent venir de l’intérieur comme de l’extérieur, de même que les financements nécessaires peuvent être endogènes et exogènes. Les ambassadeurs ayant un bon réseau de relations dans les villes et vallées voisines et dans les instances politiques nationales font partie du socle indispensable sur lequel asseoir le développement durable des villages ruraux.

    Les résultats visibles incitent les gens à persévérer. Une initiative modeste, rapide à réaliser, peut être une contribution importante : l’exemple du four à pain traditionnel rénové à Valendas, en Suisse, montre qu’il est possible de réussir – et tout le monde se rassemble autour de lui pour cuire le pain.

    CIPRA (2007) : Synthesis report « Future in the Alps»

 

Fin provisoire ?